Découvrez la participation de Maurin Gilles à notre grand concours d'écriture SUMMER SCHOOL 2017 !

Maurin a participé au stage de théâtre ados du 17 au 21 juillet avec Raffaela Pflüger. Voici sa rédaction avec laquelle il souhaite gagner le grand prix du concours d'écriture SUMMER SCHOOL 2017 : un nouveau stage de théâtre !

"Stage

J'entrai dans la salle. Mes pensées tournaient de façon chaotique dans ma tête, ne sachant résoudre le choix cornélien opposant excitation et appréhension.
Plusieurs personnes étaient déjà assises et, feignant n'avoir point remarqué les regards qui se posaient sur moi, j'enlevai mon casque. Après avoir salué celle qui serait ma professeure, je m'assis sur une chaise vide, entre deux autres chaises également dépourvues de propriétaire. Je revis les images que je m'étais imaginées dans ma tête bien avant d'entrer et me rendis compte qu'un immense gouffre séparait ce que j’imaginais lors de mes longues périodes de vide et le vide de cette période longue précédant le premier cours. Je restai immobile un petit moment, prenant conscience du blanc palpable créé par la gêne de mes camarades qui n'osaient dire mot. Fallait-il  être fou pour tenter de briser ce silence ? Sans doute la réponse serait-elle négative, mais n’excellant guère dans le domaine de la discussion je préférai me réfugier dans l’échappatoire facile que m'offrait mon téléphone. Ainsi, j'avais conscience de participer pleinement au malaise émanant de cette absence de parole, mais je jugeai cela préférable à la perspective de me montrer plus gênant encore en tentant vainement d’entamer une conversation qui se verrait vouée à l'échec.

Peu à peu d'autres personnes entrèrent dans la pièce et je me rendis compte sans étonnement particulier que l'arrivée de mes futurs camarades produisait une réaction identique à ma propre arrivée chez les gens déjà assis, moi y compris.
Nous étions déjà un petit groupe lorsque ce que je craignais mais savais inévitable se produisit : quelqu'un prit place à ma gauche. J'osai un regard discret sur mon voisin, puis me fis la réflexion que qui qu'il soit, les chances qu'il tienne un carnet de chasse sur lequel mon nom figurerait bientôt étaient faibles. Je souris davantage lorsque je me fis la réflexion que les chances étaient certes extrêmement faibles, mais non pas nulles. Mon sourire s'élargit encore lorsque je me dis que mon cerveau avait décidément un  humour particulier mais pourtant efficace, et atteint son paroxysme lorsque je me rendis compte que c'était également mon cerveau qui trouvait son propre humour efficace. Quel orgueil !
Alors que le nombre de personnes dans la salle s'approchait doucement du nombre attendu, je ne pouvais rester de marbre face aux tentatives désespérées de mon voisin pour briser le silence... En toussant.

Nous étions désormais le nombre attendu, et sous les remarques de la professeure (que j’appellerai plus tard Raffi à sa propre demande) au sujet de l'ambiance comparable à celle des boums organisées par mon collège (c'est-à-dire on ne peut plus pesante) nous descendîmes dans la salle de spectacle. Nous dûmes d'abord faire des présentations et je passai en premier étant le seul volontaire, puis les autres furent un à un poussés de force à m'apprendre leur nom, lieu de résidence (entre la Corse, le Tchad et les États-Unis je me sentais terriblement inintéressant) ainsi que le temps depuis lequel ils faisaient du théâtre pour ceux qui en faisaient.
Ensuite on fit un jeu pour voir si l'on se souvenait du nom des autres : on marchait et lorsque l'on croisait quelqu'un d'autre on devait le saluer avec son nom.
Et bien que je n'eus aucun doute sur le fait que la plupart connaissaient la plupart des noms, l'activité se faisait dans un silence remarquable, qui fut néanmoins blessé puis  laissé pour mort par les interventions de plus en plus insistantes de Raffi.
Suite à cet exercice d'une difficulté discutable se suivirent improvisation seul ou en groupe jusqu'au repas. Repas qui se déroula dans la salle du haut et le silence.
Le repas fini, la journée se termina avec d'autres improvisations et la révision des saynètes, qui allaient être jouées au spectacle, sur le thème « Oups, j'ai raté mon bus ».

Je viens de me rendre compte que la longueur minimale était de 300 mots et que j'ai largement dépassé ce cap, mais aussi que j'avais comme mission d'insérer dans mon récit mon point de vue sur l'ensemble de la semaine ainsi que ce que « faire du théâtre » voulait dire pour moi. Alors on aura certes déjà vu plus subtil comme incrustation de réponse à ces questions, mais l'essentiel est que ça apparaisse, non ?
Pour ce qui est de mon point de vue sur l’ensemble de la semaine, je ne puis le retranscrire par écrit car j'ai tellement apprécié ce stage que, j'ai recherché, aucune langue n'offre un mot capable de décrire le plaisir que j'ai eu à jouer durant cette période que je ne pourrais pas qualifier de semaine, car le temps est relatif et que si l'ennui paraît long, cette période de ma vie est passée comme un rêve.

Et pour ce que veut dire « faire du théâtre », je ferai d'abord remarquer une erreur : on ne « fait » pas du théâtre. Le verbe faire signifie effectuer une action ou construire quelque chose, comme on fait les courses, on fait la vaisselle, ou on fait un dessin ou on fait un pont.
Or il serait offensant de mettre le théâtre au même niveau que ces actions que l'on fait comme ça, par nécessité ou par envie, mais qui ne procurent rien, ou si peu, en vibrations, en sensations, en plaisir véritable.
On ne fait pas du théâtre : on vit le théâtre, on se laisse entraîner par le théâtre, on est soi-même une partie non négligeable du théâtre car lui n'est rien sans nous. On s'immerge, on respire, on se laisse guider, on découvre, on profite, on redécouvre, on reprofite...
Mais on ne fait pas.
Alors, après avoir expliqué cela, je répondrai quand même à la question.
Que veut dire « Faire du théâtre » pour moi ?
Vivre ses rêves.

Maurin Gilles, Marseille"

 

Notre concours d'écriture est encore ouvert jusqu'au 31 août 2017 à minuit.  Pour y participer, consultez les modalités ici.